« Les journaux parlent de tout, sauf du journalier. […] Ce qui se passe vraiment, ce que nous vivons, le reste, tout le reste, où est-il ? Ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour, le banal, le quotidien, l’évident, le commun, l’ordinaire, l’infra-ordinaire, le bruit de fond, l’habituel, comment en rendre compte, comment l’interroger, comment le décrire ? Interroger l’habituel. » Georges Perec. Introduction à l’Infra-ordinaire.
Si, cette année, il n’avait fallu acquérir qu’un seul document de photographie, France[s] territoire liquide aurait été celui-là !
Même si ce n’est pas sa vocation première, la collection Fiction et Cie du Seuil à déjà accueilli quelques livres de photographie sous la direction de son fondateur, Denis Roche, disparu il y a quelques jours. Le touchant et poignant
Au départ du projet, il étaient quatre photographes quadragénaires : Jérôme Brézillon, décédé depuis, Frédéric Delangle, Cédric Delsaux et Patrick Messina. S’y sont ajoutés d’autres, plus âgés ou plus jeunes, pour aboutir à ce collectif de 43 photographes avec Paul Wombell comme directeur artistique. 43 photographes pour interroger le territoire. Si le projet s’inscrit dans la lignée des missions photographiques précédentes [on pense bien entendu à la mission héliographique de 1851 ainsi que les expéditions américaines de la « Nouvelle Frontière » de la fin du XIXe siècle et la Farm Security Administration (1935-1942)] il s’en démarque, en s’éloignant du paysage pour interroger le territoire, « d’un territoire imperceptible, d’un territoire différent, peut-être celui qu’on ne voit pas« . [Gilles Coulon p. 351]
Ce sont donc 43 démarches différentes, 43 projets dont l’esthétique est souvent soumise à une véritable démarche plasticienne que nous propose le livre. Chaque artiste, comme le réclame le règle du jeu, a écrit un texte expliquant sa démarche pour la prise en compte du projet.
Il serait fastidieux de vous présenter les 43 visions contenues dans ce livre. Quelques coups de cœur toutefois : Marion Gambin et ses visions autoroutières, Geoffroy de Boismenu [à qui on doit la photo de couverture] et sa quête de la non-photogénie, Olivier Nord et ses « Paysages à vendre » mais surtout Cédric Delsaux et sa « vision altérée du réel » et, the last and not the least, Patrick Messina pour son passage de témoin au Golfe du Morbihan.
Pour aller plus loin :
- le site de FTL : http://www.francesterritoireliquide.fr/
- le facebook de FTL : https://www.facebook.com/FrancesTerritoireLiquide
- Les portraits des photographes en vidéos : https://www.youtube.com/user/ChannelFTL
La présentation de patrick Messina : https://www.youtube.com/watch?v=L51DoD3S7k8
400 pages au format 22×26 cm. Très bonne qualité de reproduction des photographies