« Vous ne pouvez pas me voir de là où je me regarde en moi. »
Francesca Woodman est née en 1958 et s’est défenestrée le 19 janvier 1981. Elle laisse derrière elle neuf années de création compulsive, une œuvre courte mais dense de plus de huit cents clichés, généralement au format carré et en noir et blanc.

House #3, Providence, Rhode Island, 1976 © George and Betty Woodman
Il est toujours facile, quand on connait la fin, de vouloir interpréter les images. Cependant cette tentation est, ici, d’autant plus difficile à éviter que Francesca Woodman ne cesse de construire, de mettre en scène, sa disparition. Que ce soit à l’aide d’une lente vitesse d’exposition où son corps, le plus souvent nu, s’estompe, s’efface dans le mouvement ou bien encore disparaissant en partie derrière des lambeaux de tapisserie ou des morceaux de miroirs. Dans la majorité de ses photos, le corps est présent, un corps fragmenté, un corps évanescent. Dans le cadre carré de ses photos (Francesca Woodman utilise un Yashica 6×6) tout semble refuser d’être figé comme il est, tout semble aspirer à devenir autre chose, un ange peut-être…
Francesca Woodman joue avec la photographie et ses composants que sont la lumière et la durée. Et elle sait ce qu’elle veut. Ses prises de vue sont préparées à l’aide de dessins. Une approche surréaliste dont elle emprunte certains symboles : verres, miroirs, peinture écaillée, papier peint déchiré ; une démarche qui peut faire penser à Claude Cahun.

Alix Cléo Roubaud, de la série Si quelque chose noir, Saint-Félix, 1980 © Alix Cléo Roubaud
Ce jeu avec son corps, la lumière, la disparition rappellent tout naturellement Alix Cléo Roubaud, autre femme photographe, morte elle aussi prématurément.
Résumé : Une présentation de l’ensemble de l’œuvre de cette jeune photographe américaine, qui explore le corps et sa représentation fantomatique ; l’ange étant un motif récurrent de son œuvre.
Livre – Espace Documentation – cote : 779 WOO